Paris
On la dit Lumière, elle cherche son Paname. Paris grisaille, Paris by night, Paris gay et gaie Paris ; on la dit pressée et pourtant elle joue les escargots, entortillant ses 20 arrondissements autour de l'île de la Cité . On découvre d'abord les battements de chœur de Notre-Dame et ce kilomètre zéro, point de départ de toutes les routes de France. Cerné par la Seine, la ronde de ses péniches et de ses bateaux promenades, on perce ce premier cercle, enjambant l'un des 37 ponts tendus entre une rive droite huppée et une rive gauche consensuelle, entre l'accent gouailleur qu'on prête au titi et celui, pointu, du "Troca". Rive droite ? Paris guette d'un œil indulgent le sac et le ressac des chalands. Berge de lumière où les palaces oublient de compter leurs étoiles, où un arc triomphe sur "la plus belle avenue du monde", et une dame de fer se met au repos sur le Champ-de-Mars . Rive droite, c'est encore Paris Vendôme , héritier de spéculations et avare de prix affichés, Paris XVIème, avec ses dimanches où ne sortent que ses chiens, Paris Sacré-Cœur et ses messes permanentes ; à ses pieds Paris Pigalle, canaille avec ses sex-shops qui relancent le touriste d'une œillade. Rive gauche ? Dans ces caveaux où le jazz s'est arrêté à Sidney Bechet, Saint-Germain-des-Prés s'est résigné aux règles du commerce. Le goudron du boul' Mich a remisé les pavés de 68, on bouffe tard, rue Mouffetard, et la Huchette tourne à la sauce grecque. Le quartier a perdu son latin mais conservé ses arènes romaines. Grands magasins et casernes Grand Siècle, brasseries et tatoueurs, c'est le Paris des boulevards. Paris soutient sa réputation d'intello : passée la Pyramide du musée du Louvre , on se perd sous l'œil sévère de la Joconde tandis que le Centre Pompidou dédie ses tubes multicolores à l'art moderne. L'ancienne gare d'Orsay sonne l'hymne des Impressionnistes. Petit Palais ou Grande Halle de la Villette , on salue Rodin en son musée, on s'incline devant la nécropole du Panthéon . Nuits de danses ou nuits de transes ? Des capitales enfiévrées, Paris n'est pas la plus cotée. Mais on applaudit le prodige qui pianote salle Pleyel, on vernit le peintre de demain rue de Seine. Le tempo sera disco à l'Olympia, afro au Bataclan, son hip-hop au Zéro Zéro, et soul au Barbershop. Cocktails de couleurs et paillettes d'extase. Couinements du camion poubelle, grincement arthritique des rideaux de fer. Sur le zinc humide, le "grand crème" côtoie le petit blanc. Le premier métro vibre dans le gruyère souterrain. L'ouvrier de banlieue croise l'infirmière de nuit. Le jour pointe et les lampadaires soufflent leur halo. "Paris s'éveille", comme chante Dutronc...
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